Vingt
et un. J’ai envoyé mon manuscrit à vingt et un éditeurs en l’espace d’un mois.
Je pense avoir fait le tour de tous ceux qui comptent.
J’ai
fait les comptes aussi. Entre la reproduction et la reliure, les enveloppes et
les frais postaux, le budget total approche les six cents euros. Et parmi ces
éditeurs, il y en a trois, les seuls qui l’acceptent, à qui j’ai pu envoyer un
fichier PDF — donc gratuitement. Je disais récemment à l’un de mes amis qu’il
ne fallait pas être trop pauvre pour vouloir écrire. Mais je ne regrette rien.
Si aucun d’eux ne l’accepte, je le saurai très vite, dans les semaines qui
viennent. Je préfère savoir rapidement à quelle sauce je vais être mangé.
Vingt
et un éditeurs et cinq années. Cinq ans que je porte ce bébé, qu’il est dans ma
tête, qu’il tourne en boucle, en arrière-fond dans mon cerveau, que les
personnages évoluent en silence, que j’y pense, que j’en rêve, que je me maudis
de ne pas réussir à me donner suffisamment de temps pour rédiger, que je peste
contre mes obligations personnelles et professionnelles, chronophages et
stressantes, qui me détournent de cet objectif, cinq ans parfois entrecoupés de
longues périodes de pages blanches empoisonnées par la crainte insidieuse de
perdre la voix, celle qui donne au texte son unité, cinq ans d’écriture lente,
car j’écris lentement, et cinq ans de vague jalousie teintée d’admiration pour ceux qui publient à chaque rentrée littéraire, réglés comme une
pendule.
Mais
enfin, je l’ai terminé ; lu et corrigé, relu et amendé, fait lire à
quelques proches, passé au correcteur, et corrigé encore. Il ne m’appartient
plus. Il a entamé sa vie propre. Sera-t-elle avortée, insignifiante ou bien
prospère ?
C’est
peut-être une nouvelle aventure qui se profile. Peut-être.
Je te souhaite vraiment que ça marche et que je puisse le lire bientôt avec une belle dédicace
RépondreSupprimerbises
Merci. Je n'y manquerai pas, à l'occasion d'un autre déjeuner :)
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